Sunday, December 18, 2011

Des nouvelles!


Bonjour a tous!

Je suis toujours vivant! Cela fait longtemps que je n'ai pas posté car je ne suis plus dans les régions productrices, cela me manque beaucoup d'ailleurs.

Je suis a l'université en Suède, j'étudie les sciences de l'environnement et je pense que cela m'apportera beaucoup de connaissances qui serviront a ma voie du thé.

Je n'écricrai plus d'articles dediés aux champs de thé pendant un bon moment. Par contre, j'essayerai de publier de temps à autre un article traduit, issu de la blogosphère chinoise. En effet, en Chine aussi, les gens ''bloguent'' sur le thé. Certains blogs sont tres intéressants car ils sont écrits par des producteurs de thé. On peut donc trouver des articles tres detaillés sur les montagnes a thé ainsi que sur les procédés de fabrication.

Bien sûr, traduire un article technique Chinois est, pour moi, un travail de longue haleine, cela demande beaucoup de temps. J'essayerai tout de même d'en publier un par mois.

Je continue a lire les blogs occidentaux, ils sont passionants et j'aimerais avoir les talents photographiques et la rhétorique de certains.

Contrairement a ce que j'appréhendais, on en apprend aussi beaucoup en étant loin des lieux de production. Pourquoi? Parce qu'on boit plus souvent les mêmes thés, cela permet de mieux les connaître et de se pencher sur d'autres aspects de la dégustation: l'eau, les méthodes d'infusions, les variations d'un meme thé au fil du temps. On apprécie mieux les choses quand on en a moins à disponibilité.

Pour tous ceux qui, comme moi, adorent le thé, je conseille d'apprendre le Chinois. Ce n'est pas si impossible qu'on le pense généralement mais il est vrai que c'est un sacré challenge, surtout au début.

Beaucoup d'information sur le thé n'est malheureusement pas disponibles en Français ou en Anglais. De plus, le vocabulaire chinois etant très précis, il y a des mots très difficiles à traduire autrement que par une longue phrase. C'est aussi pour cela qu'il est très enrichissant d'apprendre la langue de Confucius. On s'initie à de nouvelles idées, de nouveaux concepts, et surtout, on peut discuter avec plus d'un milliard de personnes qui ne parlent pas Anglais!

Il y a quelques temps j'ai ouvert un nouveau blog que vous pouvez suivre a cette adresse:


Merci encore à tous ceux qui m'ont suivis dans ma découverte du Xishuangbanna.

Bon the et Joyeux Noël a tous!

Saturday, March 12, 2011

Welcome to Gorkhaland

Friendly people
Rocky hills
Tea plantations
Schoolgirls
Mystical forests
Power lines
Churches
Welcome to Darjeeling!

Monday, February 14, 2011

No news is good news

Bonjour à tous les lecteurs de ce blog

Cela fait bien longtemps que je n'ai pas posté de billet.
D'une part parce que je n'ai pas beaucoup accès à internet, d'autre part parce que je n'ai pas grand chose à raconter qui concerne le Pu Er.
Je suis d'ailleurs un peu loin de mes chers théiers et de l'air enivrant du Xishuangbanna.

Je suis dans une grande ville mais il y a des vaches, des chèvres et même des singes dans la rue. 
Des enfants de huit ans font la vaisselle dans les restaurants.
Les gens ont peu d'argent mais font attention à leur apparence.
Pour acheter une carte de téléphone, il faut donner le nom de son père.
On boit du thé en sachet; avec du lait et du sucre; mais au final, c'est bon quand même.
Il y a beaucoup de tolérance vis à vis de la religion et de la culture.

Bref, je suis bien loin de la Chine...

Bon thé à tous!
William

Sunday, January 16, 2011

Les autres produits du théiers


    Si je vous parle de théiers, vous allez immédiatement penser à votre breuvage préféré. Sachez pourtant que les feuilles ne sont pas le seul cadeau que le Camellia Sinensis fait aux humains.

    En effet, les agriculteurs récoltent d'autres produits qui, même s'ils sont secondaires, peuvent constituer des sources de profit non négligeables dans certains endroits. Voici donc ce qu'on peut récolter d'autre sur un théier, par ordre d'importance:

1- les Pangxie Jiao:


    Ces « pattes de crabe » s'infusent comme des feuilles de thé. C'est un parasite qui ne pousse que sur les très vieux théiers et uniquement dans certaines régions. Les plus réputées viennent de Jingmai mais on en trouve aussi à Hekai et en Birmanie. Elles ont des vertus médicinales. Elles ne nécessitent pas de traitement particulier, il suffit de les cueillir sur les branches des théiers anciens puis de les faire sécher au soleil. Le séchage prend plusieurs jours du fait de la consistance de ce parasite. Cela ressemble beaucoup à une plante grasse genre Aloe.


    Comme il y en a très peu, elles se vendent très cher. A noter que les pattes de crabe poussent aussi sur d'autres arbres, celles-ci sont moins prisées et donc moins couteuses. Cela dit, comme dans le contexte Tai Di/Gu Shu, on fait souvent passer le produit bon marché pour la qualité la plus chère.


    Le goût est très particulier, très arômatique. La présence en bouche est légère mais le feeling est très intense. Cela peut s'infuser beaucoup, beaucoup, beaucoup...

2- les fleurs de thé (Cha Hua):


    A ne pas confondre avec les « fleurs de thé » artificielles faites de feuilles de thé cousues et destinées à s'ouvrir avec splendeur dans un verre. Ici, il s'agit bien des fleurs issues du théier. Comme vous pouvez vous en douter, elles ont un goût de miel très prononcé qui laisse place à des parfums très légers une fois que le nectar est partit. La demande n'étant pas très importante, la récolte des fleurs de thé n'est pas intensive. On en cueille de temps en temps, sur demande...

3- un inconnu


    Si quelqu'un pouvait me donner le nom de ce parasite bizarre, je pourrais enfin dormir tranquillement. Je n'en ai rencontré qu'une fois mais il paraît que c'est un médicament chinois. Comme les Pangxie Jiao, il est simplement séché au soleil. Du fait de sa rareté, ce produit vaut une petite fortune.

4- Les racines de théiers


    Il peut arriver que l'on coupe quelques racines de théiers anciens pour s'en servir de médicament. Je ne l'ai vu faire qu'une seule fois, à la demande d'un médecin de village. Je m'interroge sur les conséquences quant à la vie du théier...


Monday, January 10, 2011

Théiers naturels à Jingmai


    Cette année, à Jingmai, le gouvernement local a ordonné la conversion des immenses plantation en terrasses (Tai Di Cha) en champs de théiers naturels (Sheng Tai Cha).


    Jingmai est une montagne possédant beaucoup de théiers anciens, et encore plus de Tai Di..
Les arbres au premier plan sont du Sheng Tai Cha.

    Transformer du Tai Di en Sheng Tai, qu'est ce que cela signifie?

-on coupe cinq arbres sur six. De cette façon, le Sheng Tai a beaucoup de place pour se développer et le sol est moins sollicité.

-On ne peut pas traiter le Sheng Tai Cha avec des produits phytosanitaires.

-des arbres divers sont plantés dans le champs naturel.

-le jeune Sheng Tai Cha n'est récolté que deux fois au printemps, une fois en été et une fois en automne.

Du Sheng Tai Cha agé d'environ trente ans, constatez l'espacement important des arbres.

Avec toutes ces contraintes, la production de feuille est très réduite. Le Sheng Tai Cha coûte 50% à 100% plus cher que le Tai Di. Quand on vient juste de convertir le champs, le Sheng Tai a un goût identique au Tai Di. Cependant, au fil des années, l'arôme se complexifie. Certains trouvent le vieux Sheng Tai meilleur que les théiers anciens car ils ne développent ni amertume, ni astringence. Les vieux théiers de Jingmai donnent en effet des feuilles assez amères.

Sheng Tai Cha d'environ soixante ans, il est probablement vendu comme théiers anciens . L'environnement est identique à celui des vieux arbres.





    Cette décision est un investissement sur l'avenir. La production de feuille est maintenant fortement réduite à Jingmai. Dans deux ans, il n'y aura plus aucun Tai Di sur Jingmai. Cette montagne sera donc « garantie » sans pesticides ni engrais. Dans les premières années, les producteurs de Jingmai vont perdre de l'argent du fait de la production réduite. Cependant, on dit que le prix du Sheng Tai et du Gu Shu de Jingmai pourrait atteindre des sommes astronomiques.


    Cette action est plus ou moins bien accueillie par les agriculteurs, les avis sont partagés. Toujours est t-il que c'est une décision du gouvernement et que tout le monde doit s'y plier.

Sheng Tai vs Tai Di

Tuesday, January 4, 2011

Terroirs

    La voie du thé est longue, comprendre le Pu Er n'est pas facile. Même si on y met tout son coeur, il faut de nombreuses années pour savoir décortiquer les arômes, reconnaître les terroirs, ouvrir son corps au Qi du thé...

    Le thé s'apprend surtout dans un Gaiwan, il n'y a pas vraiment de secret, pour progresser dans la voie du thé, il faut goûter de nombreux thés. Je ne parle pas de dizaines de thés, ce n'est pas suffisant. Il faut bien quelques centaines de galettes pour avoir une petite idée de ce qu'est un terroir, comprendre la manufacture, estimer l'âge d'un vieux thé...



   Le thé, c'est beaucoup de dégustations et peu de conclusions.

   Quand on débute, on a l'impression de pouvoir distinguer les terroirs, on goûte un thé, on en retient les arômes, les sensations en bouche et on garde en mémoire sa provenance. Le problème quand on débute (et même après), c'est qu'on pense que le thé, c'est simple.

Percevoir les arômes, c'est comme voir le ciel depuis une maison Dai...

    Par manque d'expérience, on tend à tirer très vite des conclusions du genre: c'est aromatique donc c'est un Pu Er de Mengku, c'est amer, cela vient de Lao Man E...

... avec l'expérience, on y voit plus clair...
    Quand on débute, on pense en connaitre un rayon sur le thé, tous nos amis nous disent que l'on est un expert parce qu'on sait faire la différence entre un Tie Guan Yin et un Bi Lo Chun.

... on ouvre plusieurs pistes mais il faudra beaucoup de temps pour affiner sa vision
    Le monde des Pu Er est beaucoup moins facile: deux Pu Er se ressemblent plus que deux thés verts, leur arôme est plus complexe. Au début, on a l'impression de boire les mêmes choses puis peu à peu, on y voit plus clair.

En y mettant tout son cœur, on peut pourtant apporter plus de lumière

    Quand je venais juste d'arriver en Chine, je trouvais que tout le monde se ressemblait, j'avais l'impression de voir les même personnes partout. Après avoir croisé des centaines de gens par jour, j'ai enfin pu différencier les visages. Pour le Pu Er, c'est pareil sauf que comme on ne boit pas des centaines de thés par jour, quelques semaines de pratique ne sont pas suffisantes.



    Le débutant doit prendre garde à ne pas tirer trop de conclusions des premières dégustations. L'important si l'on veut comprendre le Pu Er, c'est d'en gouter beaucoup et de garder l'esprit ouvert. Quand on tire une conclusion, il est trop tard pour apprendre. Surtout quand on n'a pas les moyens de connaître la vérité.


 
    Si l'on veut commencer à y comprendre quelque chose dans les appellations barbares des galettes, je pense qu'il est important de connaître les noms des principales montagnes et villages producteurs de thé. Ensuite, au fil des rencontres avec nos chères galettes de Pu Er, on pourra porter notre attention sur plusieurs éléments afin d'en apprécier toute la richesse.

    Globalement, je dirais que dans un jeune Sheng, on peut prendre en compte trois paramètres pour analyser le terroir:



    1- le goût de la région: Mengku, Feng Qing, Yong De, Jing Gu, Jing Mai, Wu Liang, Yi Wu, Bulang, Mengsong, Nan Nuo...

    Les régions ont des caractéristiques globales, à mon sens surtout au niveau des sensations en bouche. Il faut porter attention à ce qui se passe dans la gorge, sur le palais, sur la langue... Par exemple, les thés de Bulang ont un Hui Gan très profond: les sensations dans la gorge sont très agréables.

Xin Man E, Bulang Shan

    Pour les thés d'Yiwu, je dirais qu'ils provoquent souvent un assèchement doux de la bouche. On peut aussi noter des effets dans les gencives et à l'entrée de la gorge. Leur texture est assez lourde en bouche, ils s'écrasent sur la langue comme du pétrole brut.

Yi Wu Xiang, Yi Wu Shan

    Un thé de Mengku sera, au contraire, plus aérien, semblable à de l'essence, du parfum. Les effets se concentrent dans le haut de la bouche, ce genre de thé est probablement plus apprécié par les palais européens.



    2- le goût du village/de la plantation

    Au sein d'une même montagne, on trouve souvent quelques dizaines de villages. Leur thé partagent en général un goût commun mais en affinant un peu, on peut trouver des différences notables entre les différentes plantations. Entre les différents champs de thé, on note des différences d'altitude, d'ensoleillement; de pente, de biodiversité, de type de théier (grandes/ petites feuilles, Ku Cha...)

Ban Po Lao Zhai, Nan Nuo Shan
    Prenons la région de Ban Zhang pour exemple: On fera facilement la différence entre un Lao Man E à l'amertume prononcée et caractéristique; un Lao Ban Zhang à l'amertume modérée, plus aromatique et au Cha Qi puissant; et un Hekai qui offre peu d'amertume mais un Huigan intense et des arômes discrets mais complexes. Sur cet exemple, la différence se fait principalement sur le goût, à savoir ce que l'on ressent avec la langue.

Man Mai, Hekai

    Dans certaines régions, la différence se note plus dans les arômes: ce que l'on ressent avec le nez. Par exemple, dans la région d'Yiwu, on fera facilement la différence entre un Mahei et un Yi Bang. A Mahei, les feuilles sont très grandes, l'arôme est beaucoup plus discret et profond qu'à Yi Bang où
poussent plusieurs variétés dont une bonne partie à petites feuilles. Ce thé sera plus aromatique mais moins profond, moins lourd en bouche.

Ma Hei, Yi Wu Shan

    3- le goût du producteur

    Chaque personne a son tour de main, sa propre parcelle de théiers, son matériel pour manufacturer. Certains font le thé en Sha Qing Ji , d'autres en Wok.. Les variations se note surtout au niveau des arômes et de la qualité générale du thé. Il peut y avoir des notes fumées dans le thé, un sha qing trop poussé (notes de brûlé) ou pas assez (notes végétales). Comprendre cette facette du terroir, c'est comprendre la manufacture du thé et tous les problèmes qui y sont associés. Bien sûr, un bon fournisseur ne devrait offrir à la vente que des thés correctement manufacturés.



    Ces descriptions sont très approximatives, il faut gouter beaucoup de thés et se faire son propre avis. Chaque palais est différent, chaque personne mange une nourriture différente. Depuis que je vis dans le Yunnan, je suis beaucoup moins sensible à l'amertume et au pimenté mais le moindre grain de sucre fait exploser mes papilles.



     Il est amusant de déguster plusieurs thés issus de terroirs différents, à la suite ou en parallèle. Cela permet de clairement constater les différences de goût
    Il faut aussi faire attention aux appellations incorrectes. Ne pas prendre pour argent comptant ce qui est marqué sur la galette.

Chen Sheng Cha Chang, Lao Ban Zhang

    Le prix du thé est déterminé par l'offre et la demande. A savoir par le prestige d'un terroir. D'un côté, il y a des terroirs où il faut mettre le prix pour avoir la vraie qualité, de l'autre, on peut trouver des thé honnêtes pour pas trop cher.


   
    De manière générale, les thés de Lincang et de Pu Er sont moins chers que les thés du Banna car ils sont moins prestigieux. Cela ne veut pas dire pour autant qu'ils sont moins bons. Peut être plaisent t-ils moins au palais consommateurs, peut être que les habitants du Banna font une meilleure promotion de leur thé...



    Le marché du Pu Er est influencé par le commerce tout comme le sont les vêtements, l'art, les aspirateurs... L'économie est un paramètre à prendre en compte lorsqu'on veut comprendre le thé.